Comment améliorer le quotidien des aidants ? ● M2S1 - 2019/2020
Mis en évidence lors des débats sur la retraite, le vieillissement de la population française est inéluctable. D’après les chiffres de l’Insee, si en 2005, la France comptait 12,6 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, elle atteindra les 22,3 millions en 2050 soit une augmentation de 50 %. Ce qui correspond à une hausse de 80 % de ces tranches d’âge en 45 ans. Cet accroissement sera manifeste entre 2006 et 2035, en raison de l’arrivée à ces âges des générations issues du baby-boom.
Le vieillissement de la population âgée de 60 ans et plus atteindra un pic de 31,9 % en 2050 ; 30,6 % en 2035 contre 20,8 % en 2005, estime l’Insee. Le vieillissement de la population a pour conséquence une demande plus importante de prise en charge de la dépendance.
Cette dépendance s’accentue avec l’âge. On considère qu’une personne est âgée à partir de 60 ans, mais c’est véritablement à partir de 80 ans que la problématique de la dépendance se pose de façon accrue et augmente rapidement. Au 31 décembre 2012, l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) était servie à 1 220 830 personnes, dont 735 000 à domicile et 493 000 en établissement (Les chiffres clés de l’aide à l’autonomie, CNSA [Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie], 2013). On sait qu’à partir de 80 ans, une personne a de plus en plus de difficultés à assurer les tâches de la vie courante et a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie quotidienne. Cette perte d’autonomie varie, bien sûr, d’une personne à l’autre, mais statistiquement on note qu’un tiers des personnes de plus de 80 ans vivant seules ne font plus leurs courses, 25 % ne font pas de ménage et 15 % ne préparent plus leur repas.
En outre, les maladies neurodégénératives, telle la maladie d’Alzheimer, progressent rapidement. 40 % des nonagénaires sont atteints de troubles psychiques ou intellectuels et seront à terme à l’origine d’une majorité de demandes de prise en charge. Or, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans va quasiment quadrupler d’ici à 2060, passant de 1,4 million actuellement à 5,4 millions en 2060.
On dénombre aujourd’hui près de 11 millions d’aidant en France, parmi eux 19% apportent de l’aide régulièrement et bénévolement à un proche malade, en situation de dépendance ou de handicape. Le statut d’aidant est encore peu ou mal connu , en effet, seulement 35% des Français ont entendu parler du sujet et plus de la moitié des aidants ignorent qu’ils le sont (63%). La principale difficulté exprimée par les proches aidants est le manque de reconnaissance sociale. Les nouvelles mesures du gouvernement viennent répondre à ce besoin, notamment, le droit au répit ou le don de jours de congé entre collègue.
Parmi les 11 millions d’aidants, 75 % ont moins de 65 ans et 58 % sont des femmes. Plus de 1/3 des aidants remplissent cette fonction seuls et le risque de fatigue physique et morale est fort. De plus, plus de la moitié des aidants ont une vie professionnelle. 66% des « aidés » vivent à leur domicile et 19% vivent chez l’aidant. On remarque que dans le premier cas, les aidants vivent souvent à proximité de leur proche (83% vivent à moins de 50 km et 57% à moins de 10 km).
Le principal besoin exprimé par les aidant est la coordination entre tous les acteurs (59%) puis le besoin en aide financière et matérielle (57%) suivi du besoin d’un plus grand nombre d’hébergements médicalisés pour personnes âgées (53%), un besoin de facilitation du maintien à domicile (52%) et enfin l’accès à un soutien psychologique (48%).
En France, la loi d’orientation relative à l’adaptation de la société au vieillissement adoptée au 1erjanvier 2016[1] prévoit trois points essentiels relatifs à la problématique très dense de la perte d’autonomie[2], les trois « A » :
- La volonté de développer une stratégie d’Anticipation : anticiper au lieu de subir la perte d’autonomie
- Favoriser l’Accompagnement avec en priorité le maintien à domicile : mise en place de l’APA. Cette Allocation Personnalisée d’Autonomie permet de financer une partie des dépenses relatives au maintien à domicile.
- La nécessité d’une Adaptation à notre société : ici cela concerne toutes les politiques publiques relatives au vieillissement, la reconnaissance de l’engagement massif des seniors dans la vie associative, le respect de leur droit mais également favoriser l’innovation technologique, la domotique, encourager la structuration de filière industrielle[3]
Dès lors, les enjeux pour maintenir les seniors de manière à ce qu’ils soient autonomes le plus longtemps possibles et dans les meilleurs conditions est essentiel. Ces enjeux mobilisent les actions publiques et privées dans les actions à domicile ou en résidence et engagent à la fois les aidants professionnels mais également les accompagnants familiaux.
Les aidants : chiffres pro et familiaux
Dans l’adéquation à la loi 2016, de nombreuses solutions technologiques ont été mises en place et testées. La société ALOGIA en partenariat avec les bailleurs sociaux a menée plusieurs expérimentations dans ce sens (conférence de XX octobre labo MICA).
A Bordeaux, la municipalité a mis en place un site consultatif appelé autonomie seniors : http://www.autonomieseniors-bordeaux.fr
D’autres structures associatives ont mis en place des temps forts où les aidants peuvent se retrouver et se ressourcer comme à la ressourcerie à Bordeaux : https://www.la-ressourcerie.com
“Améliorer l’habitabilité du monde” demeure une préoccupation majeure du design.
Face aux constats de nos populations vieillissantes, le design est légitime pour intervenir auprès des aidants. Nous cherchons donc à explorer, expérimenter les possibles pour améliorer les conditions de vie des aidants.
Par groupe de 4, vous explorerez l’une des pistes suivantes :
- Comment pallier la rupture de communication, le lien avec l’entourage/ la société ?
- De quoi les aidants ont-ils besoin de manière pragmatique ? Espace, objet, ressources
- Comment rassurer les aidants ?
- Comment substituer la présence des aidants ?
- Comment contribuer au répit des aidants ?
Découvrez les projets des étudiants :
- Aima par Guillermic Alexandre, Lagarde Romain, Leroy Pierre-Yves, Karapinar Iozghe
- Callisto par Rouet Jessie, Hubert Élise, Pestourie Tiphaine, Gzouli Younes
- Hebdoco — jeux de carte par Fumoleau Eline, Girma Marion, Clerc Margaux, Diez-Mayo Silvia
- L'appui par Vuillermot Oriane, Rochette Maroussia, Audoin Gaëtan